Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 270 —

avec elle jusqu’au moment où ils firent halte pour déjeuner. Il s’assit près d’elle pour prendre ce repas.

Contrairement à l’espoir qu’avait conçu le cavalier, la princesse ne découvrit pas son visage et refusa même de prendre aucune nourriture, prétextant qu’elle jeûnait. Il ne put qu’apprécier à la dérobée la beauté de sa main, la grâce de sa taille et l’expression amoureuse de ses yeux. Son cœur en fut saisi d’un violent amour.

La conversation suivante s’engagea entre eux :

Le Cavalier. — Ton cœur est-il sensible à l’amitié ?

Zohra. — Il ne convient pas à l’homme d’avoir de l’amitié pour la femme ; car, si leurs cœurs arrivent à avoir du penchant l’un pour l’autre, les désirs libidineux ne tardent pas à les envahir et, Satan venant alors à les entraîner au mal, leur chute est bientôt connue de tous.

Le Cavalier. — Il n’en est pas ainsi lorsque l’affection est véritable et que les relations sont pures, sans infidélité, ni trahison.

Zohra. — Si une femme se laisse aller à l’affection qu’elle ressent pour un homme, elle devient l’objet des médisances de tout le monde et du mépris général, d’où découlent pour elle les peines et les chagrins.

Le Cavalier. — Mais notre amour restera secret et nous trouverons en cet endroit retiré, qui pourra être notre lieu de rendez-vous, les moyens d’avoir ensemble des relations qui seront ignorées de tous.

Zohra. — Cela ne peut être. Ce ne serait point d’ailleurs chose facile à réaliser, car nous serions bientôt l’objet de soupçons et tous les yeux se tourneraient vers nous.

Le Cavalier. — Mais l’amour, c’est la source de la vie ! Le bonheur, ce sont les rendez-vous, les étreintes, les caresses