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inquiétude elle ne tenait pas en place. Étant allée à la porte de la rue, une de ses voisines remarqua son état de trouble et lui demanda ce qu’elle avait. Elle lui confia ce qui lui était arrivé et en reçut cette réponse : « Rentre chez toi. Je me charge du salut de ton amant et te promets de le faire sortir sain et sauf. » Elle rentra donc.

La voisine ne tarda pas à venir la rejoindre, et elles préparèrent ensemble la nourriture et la boisson, puis ils commencèrent tous à manger et à boire. La femme se trouvait placée devant son mari, et la voisine en face du lit. Celle-ci se mit à raconter des histoires et des anecdotes sur les ruses des femmes, et l’amant écoutait tout ce qui se disait, de dessous le lit.

La voisine, poursuivant ses histoires, arriva à la suivante : « Une femme mariée avait un amant qu’elle aimait avec tendresse et dont elle était non moins aimée. Un jour que le mari était absent, l’amant vint la voir. Or, il arriva que le mari rentra à l’improviste au moment même où l’amant se trouvait en compagnie de sa femme. Celle-ci, ne trouvant pas de meilleur endroit pour le cacher, le fit mettre sous le lit, puis vint s’asseoir près de son mari qui prenait quelques rafraîchissements et lui tint compagnie en plaisantant et en jouant avec lui. Au milieu de ses jeux elle prit une serviette et lui couvrit les yeux. L’amant profita de cette occasion pour sortir de dessous le lit et s’échapper sans que le mari le vît. »

La femme, devant qui ce récit était fait, comprit le profit qu’elle devait en tirer ; elle prit une serviette et en couvrit les yeux de son époux en disant : « C’est au moyen de cette ruse que l’amoureux put sortir sans être vu du mari ! » et son amant, profitant de cet instant, réussit à sortir de dessous le lit et à s’échapper,