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et qu’elle ressemblait à la lune dans la nuit de sa plénitude. Il posa alors la main sur sa bouche en rapprochant ses lèvres, de manière à l’empêcher de parler et lui dit : « Ô femme, je ne suis pas ce que tu penses. Ta sœur Bahia est maintenant avec son amant et j’ai affronté le danger pour lui rendre service. Ne me couvriras-tu pas de ta protection ? Si tu me dénonces, ta sœur sera couverte d’opprobre ; quant à moi, j’en ai pris mon parti, mais que le mal retombe sur vous ! »

Elle se mit alors à trembler comme un rameau, en songeant aux conséquences de l’acte de sa sœur ; puis, se prenant à rire, elle s’abandonna à l’ami qui montrait un pareil dévoûement. Ils passèrent le reste de la nuit dans le bonheur, les baisers, les étreintes et les plaisirs réciproques. Il la trouva la meilleure des meilleures. Il oublia entre ses bras les coups de bâton qu’il avait reçus et ils ne cessèrent de jouir, de badiner, de s’embrasser et de coïter que lorsque brilla l’aurore.

Il partit alors pour aller retrouver son compagnon. Bahia lui ayant demandé des nouvelles de ce qui s’était passé, il lui dit : « Interroge ta sœur. Par ma religion ! elle n’ignore rien à ce sujet ! Sache seulement que nous avons passé la nuit dans des plaisirs mutuels, dans des baisers et dans des étreintes, jusqu’à présent. »

Puis ils firent de nouveau l’échange de leurs vêtements ; chacun reprit les siens. L’ami raconta alors à Bahia, dans tous les détails, ce qui lui était arrivé.

Apprécie, d’après cela, les ruses des femmes et ce dont elles sont capables !