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Bahia fit répondre : « Préviens celui qui t’a envoyé que le rendez-vous aura lieu cette nuit même, près de tel arbre, à telle heure. »

L’ami retourna vers l’amant et lui fit part de ce qu’avait décidé Bahia pour le rendez-vous.

À l’heure indiquée, les deux jeunes gens étaient près de l’arbre. Ils n’eurent pas à attendre longtemps pour voir apparaître Bahia. Dès qu’il l’aperçut, son amant se leva, s’élança au devant d’elle, l’embrassa, la serra contre sa poitrine, et ils se mirent à se baiser, à se caresser et à s’accoler.

L’amant lui dit : « Ô Bahia, n’aurais-tu pas un moyen pour que nous puissions passer la nuit ici, sans que ton mari soupçonnât de mal. » Elle répondit : « Oh ! par Dieu ! si cela te fait plaisir, il ne manque pas de moyens. » « Hâte-toi donc, reprit l’amant, de m’en faire connaître un. » Elle lui demanda alors : « Ton ami t’est-il dévoué et est-il intelligent ? » « Oui » répondit-il. Elle se leva, se dépouilla de ses vêtements et les donna à l’ami qui lui remit les siens, dont elle se revêtit ; puis elle lui fit mettre ceux qu’elle portait. L’amant surpris lui dit : « Que veux-tu donc faire ? » « Tais-toi ! » lui répondit-elle. Puis, s’adressant à l’ami, elle lui donna les explications suivantes : « Rends-toi à ma maison et couche-toi à ma place. Mon mari viendra vers toi après le premier tiers de la nuit, afin de te demander le pot dans lequel on trait les chamelles. Tu ne soulèveras pas ce vase pour le lui mettre dans les mains, mais tu le garderas dans les tiennes jusqu’à ce qu’il vienne le prendre. C’est ainsi que j’ai l’habitude d’agir avec lui. Puis il se retirera et reviendra ensuite avec le pot plein de lait en te disant : « Voilà le pot ! » Mais ne le prends pas qu’il n’ait répété