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« Aie bien soin de ne pas te laisser voir, et rentre immédiatement, dans le cas où quelque passant se présenterait. » La négresse exécuta ponctuellement ces ordres.

Or le voisin était un homme naturellement compatissant : il était toujours disposé à venir en aide aux gens dans l’embarras, et ce n’était jamais en vain qu’on réclamait son assistance. Au bruit des coups frappés à la porte et des cris que poussait la voisine, il s’enquit de ce qui se passait, près de sa femme, qui lui répondit : « C’est notre voisine une telle qui est assaillie dans sa maison par des voleurs. » Il sortit en toute hâte pour porter secours ; mais, à peine fût-il entré dans la maison que la négresse ferma la porte sur lui. Elles le saisirent et se mirent à pousser des cris. Il protesta, mais la maîtresse du logis lui posa sans détour cette condition : « Si tu ne consens à faire avec moi comme cela et comme cela, je dirai que c’est toi qui, étant venu pour me violer, as occasionné tout ce scandale. » « Qu’il soit fait suivant la volonté de Dieu ! dit l’homme, nul ne peut aller contre ses décisions, ni se soustraire à sa puissance ! » Il chercha alors des subterfuges pour s’échapper, mais ce fut en vain, car la voisine se mit à pousser de nouveaux cris et à recommencer son tapage, ce qui attira un grand nombre de personnes. Il vit sa réputation compromise s’il continuait sa résistance et, résigné, il s’écria : « Sauve-moi, je suis prêt à te satisfaire ! » « Entre dans ce cabinet et ferme la porte sur toi, dit la femme, si tu veux en sortir à ton honneur, et n’essaie pas de te sauver, car à la première tentative, je vais dire à ces gens-là que tu