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ses recherches, se dit en elle-même : « Cette femme est en ce moment avide des caresses de l’homme. Pourquoi ne chercherais-je pas un jeune homme qui calmera son ardeur pour aujourd’hui ? Demain je trouverai l’autre. » Pendant qu’elle marchait en réfléchissant ainsi, il arriva qu’elle fit la rencontre d’un jeune homme de l’extérieur le plus séduisant. Elle vit en lui immédiatement celui qui devait la tirer d’embarras et, l’accostant, elle lui dit : « Ô mon fils, si je te mets en relation avec une femme douée de beauté, de grâce et de toutes les perfections, consentiras-tu à la coïter ? » Le jeune homme répondit : « Si tes paroles sont celles de la vérité, je te donnerai ce dinar d’or. » La vieille, enchantée, prit l’argent et le conduisit à sa demeure.

Or il se trouva que ce jeune homme était précisément le mari de la femme, ce dont la vieille n’eut connaissance qu’après le lui avoir amené, et de la façon suivante : Elle le précéda à la maison et dit à la femme : « Je n’ai pas trouvé la moindre trace de celui qui t’aime, mais, à son défaut, je t’amène quelqu’un pour apaiser tes feux aujourd’hui. L’autre sera pour demain. C’est Dieu qui m’a inspiré ce moyen. »

La femme se leva alors, afin d’examiner l’homme que la vieille voulait lui présenter et, jetant un regard par l’ouverture qui servait de fenêtre, elle reconnut son mari en personne, qui se disposait à entrer[nde 1]. Elle n’hésita point, se revêtit à la hâte de sa melahfa et, allant droit à sa rencontre, elle le frappa au vi-

  1. (s’) Note de l’éditeur. Une situation analogue se rencontre dans la nouvelle VI de la 3e journée des Contes de Boccace, reproduite en vers par La Fontaine dans son Richard Minutolo (livre Ier des contes). Il faut s’empresser d’ajouter que le fond du conte arabe n’a aucun rapport avec celui du conte de Boccace.

    Il y a lieu de remarquer aussi que le moyen employé par la vieille, pour gagner au jeune homme les faveurs de la dame, n’est pas sans analogie avec celui décrit dans la nouvelle VIII de la 5e journée des mêmes contes.