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toi ô ma mère, lui dit-elle, et vois-le avant qu’il n’ait conjuré Dieu contre moi ! » « Aujourd’hui même je le rencontrerai, assura la vieille, et le rendez-vous aura lieu demain, s’il plaît à Dieu ! »

La vieille femme partit alors, se rendit le même jour chez celui qui lui avait confié ses intérêts et lui fit part du rendez-vous donné pour le lendemain.

Dès le jour suivant la femme se rendit chez la vieille, car il avait été convenu que c’était là qu’aurait lieu la rencontre. Quand elle fut dans la maison, elle attendit quelques instants, mais personne ne venait et l’amant ne donnait pas signe de vie. Il avait dû sans doute se trouver dans l’obligation de s’absenter inopinément pour quelque grave affaire.

Cependant la vieille, réfléchissant à ce contre-temps, répétait en elle-même : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu, l’élevé, le magnifique ! » mais elle ne pouvait trouver l’explication de ce retard. Ayant tourné ses regards vers la femme, elle la vit inquiète et s’aperçut qu’elle désirait vivement le coït. Cette inquiétude se manifesta bientôt par la question suivante : « Pourquoi donc ne vient-il pas ? » à laquelle elle répondit : « Ô ma fille, quelque affaire très sérieuse l’a probablement mis dans la nécessité d’entreprendre un voyage, mais je veux venir à ton aide en cette circonstance. » Elle se revêtit alors de sa melahfa[1] et partit pour se mettre à la recherche du jeune homme. Mais tous ses efforts furent vains et elle ne put en avoir la moindre nouvelle.

La vieille, tout en continuant

  1. (133) La Melahfa est un grand voile, généralement en cotonnade blanche, formant une espèce de vêtement dont les femmes s’enveloppent entièrement le corps et la tête lorsqu’elles ont à sortir.