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lequel il fit la connaissance d’une vieille femme qu’il mit au courant, par des plaintes amères, de ce qui lui arrivait. Cette vieille lui dit : « Je te ferai réussir, s’il plaît à Dieu ! »

Elle se dirigea aussitôt vers la demeure de cette femme pour essayer de l’entretenir ; mais à peine arrivée, elle fut avisée par les voisins qu’elle ne pourrait y pénétrer, parce que la maison était gardée par une chienne méchante qui ne laissait entrer, ni sortir, qui que ce fût et qui, dans sa férocité, ne s’attaquait qu’à la figure des gens.

En apprenant cela la vieille se réjouit et se dit en elle-même : « l’affaire réussira, s’il plaît à Dieu ! » Elle retourna ensuite chez elle et remplit une écuelle de viande coupée en morceaux. Puis, munie de cet appât, elle se rendit de nouveau à la demeure de la femme et y pénétra.

La chienne, dès qu’elle la vit, se leva pour s’élancer sur elle ; mais elle lui montra aussitôt l’écuelle avec ce qu’elle contenait. Dès que l’animal aperçut la viande, il témoigna sa satisfaction par les mouvements de sa queue et de son museau. La vieille femme, lui donnant alors l’écuelle, lui tint ce discours : « Mange, ô ma sœur. Ton absence a été très pénible pour moi : j’ignorais ce que tu étais devenue et voilà longtemps que je te cherche. Mais assouvis ta faim. »

Pendant que la chienne mangeait et que la vieille femme la caressait sur le dos, la maîtresse de la maison arriva afin de savoir qui était là et fut très surprise de voir sa chienne, qui ne laissait personne approcher d’elle, accueillir aussi bien une inconnue. Elle dit alors : « ô vieille femme, d’où connais-tu notre chienne ? » La vieille ne répondit rien et continua à se lamenter et à caresser la chienne.

La maîtresse de la maison lui dit alors : « mon cœur se serre en te voyant ainsi. Explique-moi donc les motifs de ton chagrin. » « Cette chienne, répondit la vieille,