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suivant sa coutume. Je frappai un léger coup à la porte ; elle sortit aussitôt belle comme un lever de soleil et, venant à moi, elle me dit : « Ô ennemi de Dieu, quelle affaire t’amène chez moi en ce moment ci ? » Je lui répondis : « Une affaire très importante, ô ma maîtresse. » « Explique la, je verrai s’il est en mon pouvoir de la résoudre ; » me dit-elle. « Je ne t’entretiendrai de cela que lorsque la porte sera fermée » lui répondis-je. « Ta hardiesse est bien grande aujourd’hui ! » répliqua-t-elle. « C’est vrai ! ô ma maîtresse ! La hardiesse est une de mes qualités » lui dis-je.

Elle me dit alors : « Ô ennemi de toi-même ! ô le plus méprisable des gens de ta race ! Si je ferme la porte et si tu n’as pas de quoi satisfaire mes désirs, que ferai-je de toi ? figure de juif ! » — « Tu me feras partager ta couche et tu m’accorderas tes faveurs. »

Elle se mit à rire et dit à une esclave, quand nous fûmes entrés, de fermer la porte de la maison. Comme de coutume, je lui demandai sa réponse à mes propositions ; elle me récita alors les vers que j’ai déjà mentionnés. Lorsqu’elle eut fini, je me mis à lui débiter ceux que m’avait appris Abou Nouass.

À chacun des vers qu’elle entendait je la voyais se pâmer devant moi : elle s’affaissait, elle bâillait, elle s’étirait, elle soupirait. Je reconnus à cela que j’arriverais à mon but. Lorsque j’eus terminé, mon membre se trouva dans un tel état d’érection qu’il devint comme une colonne s’allongeant devant moi. Lorsque Fadehat el Djemal le vit en cet état, elle ne pût résister ; elle se précipita sur lui, le prit dans ses mains et se mit à l’attirer vers ses cuisses. Je lui dis alors : « Ô prunelle de mes yeux, cela ne peut se passer