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dans un chaudron, il ne peut devenir bon que si on le remue au moyen d’un medeleuk[nde 1] long et solide et en maintenant le chaudron avec les pieds et les mains. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut obtenir une bonne préparation. Mais il n’en est pas de même si on se sert d’une petite cuiller, car la ménagère se brûle les doigts à cause du peu de longueur du manche et la préparation se fait mal. C’est le symbole de ce qu’est cette femme, ô Djoâïdi : Si ton membre n’a pas les dimensions d’un medeleuk convenable pour la bonne préparation du tserid, il ne lui procurera aucune satisfaction ; si, en outre, tu ne la serres pas contre ta poitrine, si tu ne l’étreins pas avec tes mains en t’aidant de tes pieds, il est inutile que tu ambitionnes ses faveurs ; enfin, si tu la laisses se consumer par son propre feu, de même que le fond du chaudron brûle si on n’a pas le soin de remuer avec le medeleuk, tu ne lui auras pas fait atteindre le but qu’elle recherche.

« Tu vois maintenant ce qui l’empêchait d’accéder à tes désirs : elle craignait qu’après avoir allumé sa flamme, tu ne fusses pas en état de l’éteindre.

« Mais, quel est le nom de cette femme, ô Djoâïdi ?

« Fadehat el Djemal, (l’aurore de la beauté), répondis-je.

« Retourne vers elle, dit le savant, porte-lui ces vers, et ton affaire aura une heureuse issue, s’il plaît à Dieu ! Puis tu reviendras vers moi, et tu me

  1. (l’) Note de l’éditeur. Medeleuk vient de deleuk, masser, pétrir. C’est une grosse cuillère en bois qui correspond comme forme et comme dimension à notre poche. Cette dernière expression toutefois, étant vulgaire, n’a pas été employée.