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« Elle n’a pas de mari. » — « C’est vrai ! » lui dis-je encore. Puis il ajouta : « J’ai lieu de présumer que ton membre est de petite dimension, et un tel membre ne saurait ni lui procurer de jouissance, ni apaiser ses feux, car il lui faut un amant ayant un organe de la grosseur de celui d’un âne. Peut-être, n’en est-il pas ainsi ? Dis-moi la vérité sur ce point ? » Lorsque je l’eus rassuré à cet égard, en lui affirmant que mon membre, qui venait de se raidir à l’expression de ce doute, était d’une fort belle taille, il me dit que, dès lors, toute difficulté se trouvait levée, et m’expliqua ainsi le sens des vers : « La tente, solidement plantée, représente la vulve de grande dimension et élevée, et les montagnes entre lesquelles elle se dresse sont les cuisses. Le pieu qui soutenait son milieu a été arraché, veut dire qu’elle n’a pas de mari, par comparaison du pieu qui supporte la tente avec le membre viril qui soutient les lèvres de la vulve. Elle est restée comme un vase sans anse, signifie que, si le seau n’est pas pourvu d’une anse qui permette de le suspendre, il n’est bon à rien et inutile, le seau représentant la vulve et l’anse la verge. Les cordes se sont distendues et son centre s’est affaissé, c’est-à-dire, de même que s’affaisse la tente qui n’a pas un pieu pour la maintenir au milieu, inférieur en cela à la voûte qui tient debout sans être appuyée par son centre, de même la femme qui n’a pas de mari ne saurait éprouver un bonheur complet. Pour ce qui est de ces paroles : a formé un creux semblable à un chaudron étamé, tu jugeras combien Dieu a rendu cette femme lubrique dans sa comparaison : elle met en parallèle sa vulve avec un chaudron servant à préparer le tserid[1] ! Écoute : Lorsqu’on met le tserid

  1. (125) Le Tserid, ou plus vulgairement Tserida, est un mets arabe.