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Notice

Sur le Cheikh Nefzaoui.




Le nom du cheikh Nefzaoui n’est passé à la postérité que par l’ouvrage dont la traduction est ci-après, et qui est le seul qui soit connu de lui.

Malgré la nature du sujet qui est traité et les erreurs multipliées qui s’y rencontrent, suite de la négligence et de l’ignorance des copistes, on reconnaît que ce traité est dû à la plume d’un homme d’une grande érudition et réunissant généralement plus de connaissances en littérature et en médecine que l’on est habitué à rencontrer chez les arabes.

D’après la notice historique qui se trouve dans les premiers feuillets du manuscrit, et nonobstant l’inexactitude qu’elle semble renfermer au sujet du nom du Bey qui régnait à Tunis, il est présumable que cet ouvrage a été composé dans le commencement du seizième siècle, vers l’an 925 de l’hégire. (Voir note 12)[1].

Quant à la patrie de l’auteur, on est autorisé à penser, en raison de l’habitude qu’ont les Arabes de joindre souvent à leur nom celui de leur pays, qu’il est né à Nefzaoua[2] ville située dans le canton de ce nom sur les bords du lac du Sebkha Melrir, au sud du royaume de Tunis.

Ainsi que le dit le cheikh lui-même, il habitait

  1. note (12) : Il ne peut être question ici que de la soumission d’Alger aux Espagnols, en ce sens que cette ville, en l’année 1510 (916 de l’Hégire), reconnut la suprématie de l’Espagne en s’engageant à lui payer tribut, ou bien de l’établissement de la domination Turque en 1515 (921 de l’Hégire). Ce sont là les deux seuls cas de soumission que relatent les anciens historiens, et à aucune de ces époques ne régnait un Abd el Aziz à Tunis. Il est bien probable, toutefois, que c’est de la domination Turque que l’auteur veut parler, alors que l’émir d’Alger, Salem ben Toumi, ayant appelé Barberousse avec ses Turcs pour l’aider à faire la guerre aux Espagnols, celui-ci parvenu dans la ville fit mettre l’émir à mort et se fit proclamer Roi d’Alger à sa place.

    À cette époque le souverain de Tunis se nommait Abou Omar Amane Mohammed.

    Le bey du nom d’Abd el Aziz qui, par l’époque de son règne, se rapproche le plus de l’évènement signalé par l’auteur, est Abou Omar Abd el Aziz qui mourut en 899 et fut un des meilleurs khalifas de la dynastie des Beni Hafs. Cette erreur de concordance ne doit pas, d’ailleurs, étonner ceux qui savent combien les historiens Arabes sont inexacts dans leurs citations.

  2. (1) Le canton de Nefzaoua renferme beaucoup de villages isolés les uns des autres ; tous sont en plaine et entourés de palmiers, au milieu desquels il y a de grands réservoirs — Les pélerins croient qu’on appelle ce pays Nefzaoua parce qu’il y a mille zaoua (chapelle où est enterré un marabout), d’où, prétendent-ils, on a d’abord dit El Afoun Zaouia, puis par corruption Nefzoua. Mais cette étymologie, qui est arabe, ne paraît pas exacte, car, d’après ce que disent les historiens arabes, les noms des localités sont antérieures à l’établissement de l’islamisme — La ville de Nefzaoua est entourée d’un mur construit de pierres et de briques ; elle a six portes, une mosquée, des bains et un marché ; les environs offrent partout des fontaines et des jardins.