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femmes. »

Le sage Es Sakli a fixé ainsi la proportion dans laquelle il est convenable que l’homme use du coït : l’homme, soit pituiteux, soit sanguin, ne doit pas coïter plus de deux ou trois fois par mois. Quant aux bilieux et à l’hypocondriaque, ils ne doivent pas aller au delà d’une ou deux fois par mois. Et pourtant, c’est un fait avéré que, parmi les gens de l’époque actuelle, beaucoup, doués d’un de ces quatre tempéraments, sont infatigables pour le coït et s’y livrent le jour et la nuit, sans se douter qu’ils s’exposent à de nombreuses maladies tant internes qu’externes.

Les femmes sont plus favorisées que les hommes en ce qui touche à la satisfaction de leurs désirs de coït. C’est là, en effet, leur spécialité et tout pour elle y est profit, tandis que les hommes sont sous le coup de nombreuses infirmités, lorsqu’ils s’adonnent sans réserve aux plaisirs de l’amour.

Après avoir traité des accidents qui résultent du coït, j’ai cru utile de placer sous tes yeux les vers suivants qui renferment des conseils hygiéniques s’y rapportant. Ces vers ont été composés, sur l’ordre d’Haroun er Rachid[1], par les plus célèbres des médecins de son temps, auxquels il avait demandé de lui faire connaître les remèdes pouvant combattre avec succès les maladies causées par le coït :

« Mange lentement, si tu veux entasser nourriture
« Sur nourriture dans ton estomac, et laisse bien se faire ta digestion.
« Quant aux aliments d’une mastication difficile,

  1. (84) Il est question ici d’Haroun er Rachid, qui fut reconnu Calife en l’année 170 et qui est compté au nombre des souverains les plus distingués par leur mérite, leur éloquence, leur science et leur générosité.