Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 131 —

troisièmement, la perte de ses forces physiques, car il peut devenir comme celui qui, voulant fuir, ne le peut, qui, poursuivant quelqu’un, ne l’atteint pas, ou qui, portant un fardeau ou se livrant à un travail, est aussitôt harassé, et se dessécher.

Quant à celui qui désire être affranchi du besoin du coït, il fait usage du camphre. La moitié d’un mitskal[1] de cette substance macérée dans l’eau rend celui qui en boit insensible aux plaisirs de la copulation. Beaucoup de femmes emploient ce remède lorsqu’elles éprouvent un violent sentiment de jalousie contre leurs rivales[2] ou lorsqu’elles sentent le besoin de se réparer après de grands excès. Elles cherchent alors à se procurer ce qui peut rester de camphre après l’ensevelissement des morts[3] et ne reculent devant aucun sacrifice d’argent pour l’obtenir des vieilles femmes chargées de ce soin. Elles se servent aussi de la fleur du henné, que l’on appelle faria[4] ; elles la font macérer dans l’eau jusqu’à ce qu’elle devienne jaune. Elle fournit ainsi une boisson qui produit un effet à

  1. (79) Le Mitskal est un poids qui représente les 3/7 du dirhem ; sa valeur correspond à un drachme et demi de notre ancien système de poids et représente, par conséquent, un gramme quatre-vingt-dix centigrammes.
  2. (80) Le mot deraïr, dont le singulier est derra et qui est rendu dans la traduction par rivales, vient d’une racine signifiant être nuisible.
  3. (81) D’après les usages musulmans, avant d’ensevelir les morts, on doit les laver avec le plus grand soin, au moyen d’eaux parfumées.
  4. (82) Le Henné est une plante fort employée par les Arabes. Ses feuilles, séchées, réduites en poudre et délayées dans l’eau, servent à teindre en rouge les ongles, les pieds, les mains, les cheveux et la barbe.