Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 70 —

servi d’oreiller à son cou, et, afin de l’attirer vers moi, j’ai avancé ma main gauche, qui l’a soutenue comme dans un lit. »

Lorsque tu seras près d’une femme et que tu la verras avec des yeux mourants et poussant de profonds soupirs, enfin désirant le coït, que vos deux désirs alors n’en fassent plus qu’un et que votre lubricité soit portée au plus haut degré ; car, pour les jouissances de l’amour, ce sera le moment favorable. Le plaisir que ressentira alors la femme sera excessif ; toi-même tu l’en chériras davantage et elle te conservera son affection, car il a été dit :

« Lorsque tu verras la femme poussant de profonds soupirs, que ses lèvres deviendront rouges et ses yeux languissants, que sa bouche s’entr’ouvrira mollement et que tous ses mouvements seront empreints de nonchalance, lorsque tu la verras comme disposée au sommeil, vacillante dans sa marche et se laissant aller à des bâillements, sache que c’est l’instant du coït, et, si à ce moment tu pénètres dans elle, tu lui procureras une jouissance incontestable. Toi-même tu trouveras certainement le pompoir, ce qui, sans aucun doute, est le comble du bonheur pour tous les deux, car c’est lui surtout qui fait naître l’affection et l’amour. »

On connaît les préceptes suivants, qui nous viennent d’un profond connaisseur en affaires de coït :

« La femme est comme un fruit, qui ne laisse échapper sa suavité que si tu le frottes entre tes mains. Vois le basilic : si tu ne l’échauffes pas avec tes doigts, il ne laissera point exhaler ses parfums. Ne sais-tu donc pas que l’ambre, à moins d’être échauffé et manipulé, garde dans ses pores l’arôme qui y est contenu. De même la femme : si tu ne l’animes pas par tes