Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/9

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Que cet être rampant, d’un vil corps soucieux
Se cramponne à sa couche, et, chargé d’ans, qu’il traîne
De sa tête en tremblant le poids laborieux,
Et tire en aspirant une pénible haleine :
À nous le frais gazon, et non le lit fiévreux ;
Quand son âme en hoquets avec effort s’arrache,
Notre esprit en un bond sort libre, généreux.
Son corps peut se vanter de l’urne qui le cache ;
Qui l’abhorra vivant, peut dorer son tombeau.
À nous les rares pleurs que le cœur fait répandre,
Quand du vaste océan le liquide manteau
En linceul azuré sur nos morts vient s’étendre.
Pour eux nos banquets même ont de tendres regrets.
Dans la coupe de vin rayonne leur mémoire
Et leur brève épitaphe est peinte en quelques traits,
Lorsqu’au jour du danger, lorsqu’au jour de la gloire,
Le front appesanti d’un triste souvenir,
Leurs compagnons vainqueurs en partageant leur proie
S’écrient, avec cent voix heureuses de s’unir :
Le brave qui tomba, quelle eût été sa joie !

II


Tels étaient les accents, autour des feux du guet
Retentissant partout dans l’île des Pirates.
Tel était le refrain, que chacun d’eux chantait,