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Ils résistent à peine au rude embrassement.
Lui, défaite et danger, à l’instant il l’oublie,
Rend le salut d’un chef à ceux qu’il sait guider.
D’Anselme avec vigueur presse la main amie,
Et sent qu’il peut encore et vaincre et commander.

XVI


Ces doux transports passés, la troupe alors regrette
De ramener Conrad sans qu’il ait combattu.
Elle a mis à la voile, et sa vengeance est prête ;
S’ils savaient de ses jours que le bienfait est dû
À la main d’une femme, elle serait leur reine.
Ils sont moins délicats que leur chef orgueilleux
Pour obtenir leurs fins. Neuve est pour eux la scène.
Chacun se parle bas et d’un œil curieux
Regarde en souriant cette belle inconnue.
Ce coup d’œil scrutateur, pour elle embarrassant,
Vient troubler, sous le poids d’une étrange revue,
Celle qui fit couler sans s’émouvoir le sang.
Se tournant vers Conrad, son regard le supplie ;
Elle baisse son voile en silence, et sa main
Se croise auprès de lui sur son cœur qui confie.
Après Conrad sauvé, tout le reste au destin.
Extrême dans le bien et dans le mal extrême.
Elle pouvait passer de l’un à l’autre excès,