Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/80

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Avide d’or et sûre, au complot se hasarde.
Un mot, un mot dp moi seul va briser tes fers.
Sans aide auprès toi comment m’être exposée ?
Ah ! depuis nos adieu, ami, toi que je sers,
Pour toi le temps qui presse au crime m’a poussée.
Au crime ? Moi, Corsaire ! En est-ce un de punir
Ceux de l’affreux Seyd ? Ce tyran doit périr !
Conrad ! Ah ! tu frémis ; mais mon âme est changée
D’amertume abreuvée, insultée, outragée,
Elle a crié vengeance. On m’accuse d’un tort
Dont je fus jusqu’ici par dédain innocente,
Fidèle au point d’unir et de lier mon sort
À ce dur esclavage. Eh bien ! qu’il s’en repente !
Oui, souris, toi, mais lui rira d’un rire amer…
Je n’étais pas perfide, et toi non encor cher.
Mais son arrêt, il l’a prononcé de sa bouche :
Le jaloux irascible et le tyran farouche,
Qui tourmente et qui tente à la rébellion,
Mérite bien son sort, juste prédiction.
Moi, je n’aimai jamais ; il m’avait achetée
Un haut prix, car mon cœur ne pouvait s’acquérir.
Esclave obéissante, admise ou rejetée,
Tu m’aurais enlevée, a-t-il dit, pour t’enfuir.
Il mentait, tu le sais. Malheur à ces augures
D’un semblable prophète. Un soupçon odieux
Croit pouvoir les prouver par toutes les injures ;
Il n’a pas accordé ce répit à mes vœux.