Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/8

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Tantôt le mol loisir, vie abrupte et sauvage,
Mais joyeuse en tout temps. Eh ! qui le sait ? Non pas,
Le lâche citadin, qui dans le luxe nage,
Dont le cœur faillirait sur les montagnes d’eau,
Ni toi, roi vaniteux de l’abondance altière
Que le sommeil ne peut charmer de ses pavots,
À qui le doux plaisir même a cessé de plaire.
Ah ! qui la décrirait, sauf celui dont le cœur
De ce rude métier a fait l’apprentissage,
A dansé sur le gouffre, intrépide, vainqueur ?
Qui dirait cette ivresse et cette folle rage
Dans la route sans trace entraînant le rôdeur,
Provoquant le combat de tous ses vœux lui-même,
Lorsque vers le péril il court avec ardeur
Prompt comme s’il volait au délice suprême,
Recherchant le danger que le lâche veut fuir,
Et se relève fort quand le faible succombe.
Il sent au fond du cœur qu’enflamme le désir
Son espoir s’éveiller, et du sein de la tombe
Son esprit vers les cieux prendre un sublime essor.
Nulle peur de la mort si nous mourons ensemble,
Nos ennemis et nous, si ce n’est même encor
Qu’elle semble moins lourde au lieu qui nous rassemble
Que le pesant repos. Vienne à son gré la mort !
À la vie on enlève ici même la vie,
Immolée. Ah ! qu’importe, à l’arrivée au port,
Si c’est dans le combat ou par la maladie ?