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VIII


La douzième heure passe. À la porte massive
Un léger pas frémit après s’être arrêté.
Aux verroux il entend tourner la clef rétive.
Son cœur a deviné la charmante beauté.
Quels que soient ses péchés, c’est sa patronne sainte,
Belle comme un ermite en esprit croit la voir.
Elle a changé depuis qu’elle entra dans l’enceinte.
Plus tremblante en ses traits la pâleur vient s’asseoir,
Son œil, avant sa voix, sur lui fixé, murmure
Ces mots : « Il faut mourir, Conrad, il faut mourir.
Il reste une ressource à qui la veut souffrir,
La dernière et la pire, excepté la torture. » —
« Madame, il n’en est plus, et mon sort est fixé :
Ma voix prononce ici ce qu’elle a prononcé.
Conrad est comme avant ; qui de moi se soucie ?
Quoi ! chercher à sauver d’un vil proscrit la vie,
A changer un arrêt que j’ai bien mérité ?
De Seyd, mais non seul, j’ai longtemps excité,
Par maint acte illégal, la rage et la vengeance. » —
« Chercher à te sauver, trop juste récompense !
N’as-tu pas racheté mes jours d’un autre mal
Pire que l’esclavage ? Aveuglement fatal !
Chercher à te sauver ? L’excès de ta misère
T’a-t-il fait oublier ce que femme peut faire