Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

Du sérail en ses bras, dans la flamme enlevée,
Dis-moi, demeurais-tu là pour fuir avec lui ?
Répondre est superflu, car ta faute est prouvée,
Sur ton front rougissant son témoignage a lui.
Charmante dame aussi, prends garde à toi, la belle,
Ses jours seuls ne sont pas l’objet d’un pareil soin,
Un mot de plus… Mais non ; il suffit, infidèle !
Maudit soit le moment quand aux flammes de loin
Le traître t’arracha… C’eût été mieux peut-être…
Mais non… Je te pleurais à tort comme un amant,
Maintenant je te parle et t’avertis en maître.
Perfide, sais-tu bien qu’à mon commandement
Ton aile peut tomber, ton aile, oiseau volage ?
Je sais mal, il est vrai, de vains mots disputer,
Mais il est d’autres coups que je sais mieux porter.
Prends garde à toi, te dis-je, encore une fois, songe
Au mal qu’attireraient trahison et mensonge ! »
Il se lève et s’éloigne ayant la rage aux yeux,
La menace à la bouche en faisant ses adieux.
Elle en a peu souci, cette énergique femme,
Dont menace ou courroux ne sauraient dompter l’âme,
Et lui, qu’il sait mal lire, ô Gulnare, en ton cœur,
Ce que sent ton amour, ce qu’ose ta fureur !
Ses doutes sont blessants ; à son tour elle ignore
De quel germe profond la pitié peut éclore.
D’une esclave un captif a droit de l’implorer ;
Ils souffrent tous les deux. Le nom peut différer.