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III


Le soleil s’est couché ; mais plus que la nuit sombre
Le cœur de Médora s’affaisse aussi dans l’ombre,
Trois jours déjà passés, que devient son ami ?
Il ne vient, ni n’envoie, ah ! serait-ce un oubli ?
L’infidèle ! le vent est calme sur la plage
Et prête ses faveurs ; la mer est sans orage.
Hier soir, dans sa barque, Anselme est revenu
Avec ce seul message : « On ne l’avait point vu. »
Différente eût été cette histoire cruelle,
S’il avait attendu cette voile fidèle.
Mais la brise fraîchit, Médora, tout un jour,
Assise tristement, des deux yeux de l’amour
N’a cessé d’épier la voile d’un navire,
Partout où l’espérance offre son doux sourire !
L’impatience enfin précipite ses pas,
À minuit, au rivage où Conrad ne vint pas,
Elle erre désolée, et la vague écumante
Ruisselle vainement sur cette folle amante
Pour l’éloigner du bord. Sans la voir, la sentir,
Elle demeure fixe et sans oser partir.
Insensible au frisson, son cœur seul est de glace,
La certitude enfin du doute y prend la place,
Sûre de son malheur, la folie ou la mort,