Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/60

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Quelque éclair qu’au dehors sur Conrad vienne luire,
Un fol rire éclaircit son front, et ses accents
Ont ce son discordant d’une gaîté sauvage,
Comme n’en devant plus sur la terre goûter.
C’est contre sa nature. À Conrad, avant l’âge,
Entre lutte et douleur il doit bien peu rester.

XIV


« Ton arrêt est fixé ; mais moi j’ai la puissance
D’adoucir le Pacha dans l’heure d’indulgence.
Corsaire, je voudrais te sauver du trépas
Ici même, à l’instant ! mais je ne le puis pas.
Ni le temps, ni l’espoir, ni ta force elle-même
Ne nous permettent point cette crise suprême.
Tout ce que je pourrai, mon zèle le fera :
Ta sentence, du moins, d’un jour se remettra.
Faire plus te perdrait ; tu n’en as pas l’envie.
À tous deux cet essai pourrait coûter la vie… » —
« Oui, je refuserais ! À tout mon cœur est prêt.
Je suis tombé si bas, c’est peu de différence
De tomber encor plus. Subissons notre arrêt.
Ne tente pas la mort, toi, ni moi l’espérance.
Ne pouvant affronter l’ennemi, dois-je fuir ?
Incapable de vaincre, ai-je soif de la vie ?
Loin de mat troupe fuir seul pour ne pas mourir ?…