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XII


Il dormait d’un sommeil qui paraissait paisible.
Car son souffle étouffé s’exhalait insensible ;
Heureux si c’eût été dans le sein de la mort.
Il dormait… Mais qui vient le bercer quand il dort ?
Ses ennemis sont loin, l’amitié le délaisse.
Serait-ce un séraphin qui l’effleure et caresse ?
C’est une forme humaine et de célestes traits ;
Un bras d’albâtre lève une lampe qu’exprès
Il approche avec soin, de peur que la lumière
D’une brusque lueur ne blesse la paupière
D’un œil clos qui se rouvre à la seule douleur,
Une dernière fois pour se fermer encore.
Cette forme aux yeux noirs foncés dans leur couleur,
Au front si beau, si pur, rose comme l’aurore,
Aux cheveux blonds dorés, tressés de diamant,
Ce fantôme aux pieds nus, émules de la neige,
Qui glissa sur le sol en silence. Ah ! comment
A-t-il pu pénétrer à travers le cortège
Dans une telle nuit ? Plutôt demande-moi
Ce que n’oserait pas la femme comme toi
Que jeunesse et pitié guident, poussent, Gulnare !
Cette nuit à ses yeux, de son repos avare,
Refuse le sommeil. Du captif odieux
Quand le Pacha murmure et voit l’image en rêve,