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IX


On envoie au malade un ministre de l’art,
Pour le soulager ? Non. — Mais voir ce que la vie
Peut encore porter. — Un seul fil, par hasard,
Aux chaînes peut suffire ainsi qu’à l’agonie,
Demain, oui, c’est demain que du soir le soleil
Verra du pal hideux se dresser l’appareil.
L’aurore, en sa rougeur se levant matinale,
Trouvera ce qu’a fait la torture fatale,
Mais le plus long, le pire entre tous ces tourments,
C’est celui par la soif que chaque jour raffine,
Dont le trépas lui seul est le soulagement,
Quand le vautour assiège une horrible machine,
De l’eau, de l’eau ! La haine a rejeté les vœux,
En riant, rejeté les cris des malheureux.
S’il buvait, il mourrait. Triste est sa destinée,
Le ministre de l’art laisse en proie à ses maux
Le captif dont la garde aussi s’est éloignée,
Plongeant le fier Conrad au fond des noirs cachots.

X


Peindre ses sentiments, c’est peindre un sombre abîme,
Même ils sont inconnus peut-être à leur victime ?