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Ce que dans ma terreur j’eus le tort d’oublier,
De le remercier du doux bien de la vie,
Dont l’amour de mon maître assez peu se soucie. »

VIII


Elle venait de voir le Corsaire au plus fort
Du carnage, échappant par malheur à la mort,
Isolé de sa troupe et seul avec courage,
Combattant l’ennemi qui reprend l’avantage,
Abattu, tout sanglant, pris, sans pouvoir périr
Pour expier les maux qu’on dut par lui souffrir,
Pendant que la vengeance en épargnant sa vie
Étanche avec calcul, avec raffinement,
Goutte à goutte, soigneuse, un reste de ce sang
Que réserve Seyd pour une autre agonie.
D’un œil sec le tyran, qui ne peut s’assouvir,
Implacable, condamne, ineffable délice,
Sa victime mourante à ne pouvoir mourir ;
Mais est-ce vraiment lui qu’on destine au supplice ?
Quoi ? Celui que naguère elle a vu triomphant,
Quand il levait la main sanglante de carnage,
En chef impérieux ! Désarmé maintenant,
Mais toujours ferme et fier, armé de son courage,
C’est lui-même d’honneur ! Il n’a qu’un seul regret,
C’est de vivre, et qu’au lieu d’une faible blessure
Il n’ait pas rencontré la mort qu’il désirait,