Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/42

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La seule liberté doit avec tous ses charmes
Briser ma chaîne avant que je sèche mes larmes.
D’après ma faite au moins tu peux bien en juger ;
Les pirates, tu vois, prévoient peu leur danger.
Si j’avais eu sur moi l’œil de la vigilance,
J’eusse de mon retour en vain cherché la chance.
Mais la garde sans soins qui ne m’a pas vu fuir,
Quand ton armée est près peut bien encor dormir.
Pacha, mon corps brisé succombe, et la nature,
Contre la faim demande un peu de nourriture
Et ces membres meurtris du rude choc des flots
Du tutélaire abri réclament le repos.
Permets donc, grand Pacha, fais que je me retire,
Paix à loi, paix à tous, souffre que je respire. » —
« Derviche, attends, je dois t’interroger, attends,
Assieds-toi ; je l’ordonne ; obéis, tu m’entends.
Une demande encor : l’esclave te prépare
Un repas dont il faut que ton corps se répare,
Au banquet général tu vas prendre ta part.
Mais ton souper fini, réplique sans retard.
Qu’en termes nets, précis, ta réponse soit claire,
Rien d’obscur, d’ambigu, car je hais le mystère. »
On ne peut deviner ici le mouvement
Du saint homme qui voit sans plaisir le divan,
Pour le banquet forcé montre une ardeur peu vive
Et sans trop de respect traite chaque convive.
Son front s’est rembruni d’un nuage d’humeur.