Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

Grâce à la brise, ici que le troisième jour
(Reste en paix jusque-là) fête notre retour ! »
Il dit, il a pressé la rude main d’un frère ;
Ensuite à la chaloupe il marche avec fierté,
La rame a dans les airs fait jaillir l’onde amère,
Le phosphore en reflets a soudain éclaté.
On atteint le vaisseau. Le chef du pont domine,
Le sifflet sonne aigu ; la main circule, agit.
Ah ! comme sous son roi le vaisseau se dessine,
Et l’équipage actif, exécute, obéit !
Aussi, daignant d’un chef lui donner le sourire,
Conrad vers Gonzalvo se tourne avec orgueil.
Mais d’où vient qu’il frémit et que son cœur soupire ?
Hélas ! c’est que la tour s’est offerte à son œil,
Qui s’arrête un moment à cette heure suprême.
Elle, sa Médora, donna-t-elle un regard
À la glissante proue ? Ah ! cet objet qu’il aime,
Jamais ne fut plus cher qu’à l’heure du départ…
Mais il reste beaucoup à faire avant l’aurore :
Allant au gouvernail que sa main a saisi,
Lui-même le dirige et l’abandonne encore ;
Dans sa chambre il descend, de Gonzalvo suivi,
Il lui montre ses plans, ses moyens et leurs suites ;
La lampe brûle alors, la carte est sous leurs yeux,
De l’art naval ici les ruses sont décrites.
Minuit voit prolonger ces débats sérieux,
Mais pour l’œil inquiet quelle heure est avancée !