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Se croise sur son cœur, puis se tend vers les cieux.
Elle regarde alors la vague qui s’élève,
La blanche voile en l’air, et détourne les yeux
Vers la porte, accablée !… « Ah ! ce n’est pas un rêve
Seule avec ma douleur délaissée !… »

XVI


Seule avec ma douleur délaissée !… »En avant
De rocher en rocher Conrad se précipite
Et sans se détourner, inflexible il descend,
De peur qu’un seul détour du sentier ne l’invite,
Ne le retienne aux lieux qu’évitent ses regards.
Loin du mont il doit fuir cette tour solitaire,
Qu’il saluait naguère au sortir des hasards
Du perfide océan l’accueillant la première.
Et Médora, cet astre aujourd’hui nuageux
Dont le rayon si doux de loin venait l’atteindre,
Sur elle il ne doit point dès lors fixer les yeux,
Et même sa pensée ose à peine la joindre.
Près d’elle il peut rester, mais toujours sur le bord
De la destruction et penché sur l’abîme.
Il s’arrête : va-t-il livrer aux flots son sort,
Ses projets au hasard ? Non, ce serait un crime.
Un digne chef peut bien quelquefois s’attendrir ;
Pour un amour de femme il ne doit point trahir !