Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/30

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Et s’il est un bonheur dont je te puis flatter,
C’est la sécurité qui, sortant des alarmes,
Au repos à venir ajoutera des charmes.
Écoute ! Un son perçant ! de Juan c’est le cor.
Un baiser, deux, adieu… puis le dernier encor ! »
Elle se lève et vole en ses bras, et s’attache
À son sein palpitant où se plonge et se cache
Ce visage qu’il n’ose à présent affronter,
Et ces deux beaux yeux bleus qu’il semble redouter,
Baissés dans l’agonie, arides et sans larmes.
Sa longue chevelure, en ses sauvages charmes,
En flots désordonnés sur ses épaules court ;
Son sein à peine bat d’un souffle lent et lourd,
Ce sein, où respirait une image chérie,
Où la sensation est presque anéantie.
Écoutez ! du canon qui tonne au loin, le bruit
Annonce le coucher du soleil qu’il maudit ;
Et cette forme encor qu’avec transport il presse
Qui muette l’étreint, l’implore, le caresse,
En tremblant il la porte à sa couche, un instant
La contemple une fois d’un regard palpitant,
Peut-être le dernier, car il sent que la terre
Pour lui ne contient qu’elle en ce val solitaire,
Baise son front glacé, se tourne… Est-il parti ?