Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

Conrad en son aspect n’a rien de merveilleux,
Bien que de son œil noir le feu darde et s’élance.
Fort, sans être un Hercule, il n’a pas d’un géant
La taille colossale et la stature altière.
Mais à bien l’observer, il semble cependant
Porter plus que les traits et le type vulgaire.
On regarde, on admire, on veut savoir pourquoi
C’est ainsi ; mais en vain, et l’on subit sa loi.
Son teint hâlé, son front haut et pâle qu’inonde
De ses cheveux de jais la tresse vagabonde,
Sa lèvre se crispant, tout révèle et trahit,
Même en la réprimant, sa hautaine pensée
Qu’elle déguise à peine et que l’œil y saisit.
Mais dans sa douce voix, sa mine composée
Est un je ne sais quoi qui veut n’être point vu.
Les lignes de son front et sa mobile teinte
Ont attiré parfois le regard confondu,
Comme si son esprit, tortueux labyrinthe,
Agitait des pensers vagues et dangereux.
Cela pourrait bien être, et qui le saurait dire ?
Dans l’âme de Conrad quel lynx put jamais lire ?
Son air farouche et dur glace l’œil curieux.
D’hommes il est bien peu, si même il en existe,
Dont l’aspect soutiendrait ce coup d’œil scrutateur,
Car il possédait Fart, si la ruse à la piste
Voulait lire en ses traits et pénétrer son cœur,
D’acculer l’espion en son for, en lui-même,