Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/10

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Perçant l’écho des rocs, sons rudes, disparates.
Dans ces groupes épars, là sur le sable d’or
On joue, on parle, on boit, on attise la flamme,
On se choisit une arme, on la manie encor,
Et d’un soin scrupuleux l’on aiguise sa lame,
Où l’œil insouciant voit la tache de sang :
Le bateau démâté s’agrée et se répare,
Quand d’autres à l’écart marchent réfléchissant.
Là pour l’oiseau sauvage un lacet se prépare ;
On étend au soleil le filet ruisselant ;
On observe de loin un point comme une étoile
D’une bouche béante et d’un œil qui se tend
Sur le butin que cache à l’horizon la voile.
De mainte et mainte nuit l’on redit les travaux ;
On demande où sera cette prochaine proie.
N’importe où ? Car leur chef les guidant sur les flots
A promis et voulu que chaque forban croie,
Que l’on divisera tout en partage égal.
Mais quel est donc ce chef ? Son nom sur maint rivage
Est fameux, redouté, marqué comme un fanal.
On le demande en vain, nul n’en sait davantage,
On souffre son silence en faveur du succès.
Pour sa lèvre jamais ne se remplit le verre ;
Il le laisse passer sans le goûter jamais,
Et le dernier des siens, tant est maigre sa chère,
Voudrait laisser du chef le repas non goûté ;
Son pain le plus grossier et la racine vile,