Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme s'ils n'eussent pu remettre la partie.

FRANCALEU

Non. Le sort d'une pièce est-il en notre main,

Nous en voyons mourir du soir au lendemain. [1620]

Celle-ci peut n'avoir qu'une heure ou deux à vivre.

Si nous la voulons voir, songeons donc à les suivre.

Venez.

DAMIS

J'augure mieux de la pièce que vous.

D'ailleurs ce qui se vient de conclure entre nous,

De soins très sérieux remplira ma soirée. [1625]

FRANCALEU

Adieu donc. Demeurez, Monsieur De L'Empyrée.

Votre refus fait place à Monsieur Baliveau,

Qui, dans l'art du théâtre étant encor nouveau,

Ne sera pas fâché qu'on le mène à l'école.

Qui plus est, son neveu l'occupe et le désole, [1630]

Et la pièce nouvelle est un amusement

Qui pourra le lui faire oublier un moment.

DAMIS, à part.

Oui-da, c'est bien s'y prendre.



Scène VI

Damis, Lisette.
LISETTE, à part.

Un peu de hardiesse !

Cet homme-ci, je crois, est l'auteur de la pièce.

Faisons qu'il se trahisse. Il en est un moyen. [1635]

Haut.

Vous risquez, en tardant, de ne trouver plus rien.

Monsieur raisonnait juste, et votre attente est vaine,

Car la pièce est mauvaise et sa chute est certaine.

DAMIS

Certaine ?

LISETTE

Oui, cet arrêt dût-il vous chagriner.

DAMIS

Mademoiselle a donc le don de deviner ? [1640]

LISETTE

Non, mais c'est ce que mande un connaisse