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Scène IV

Francaleu, Lisette.
FRANCALEU

Qu'as-tu donc tant à faire [1010]

Avec ce cavalier qui ne semble chez moi

S'être impatronisé, que pour être avec toi ?

LISETTE

De tous nos entretiens vous seul êtes la cause.

FRANCALEU

Voyons un peu le tour qu'elle donne à la chose.

LISETTE

Tout simple. Le jeune homme entend vanter à tous [1015]

Certaine tragédie en six actes, de vous,

Que l'on dit fort plaisante, et qu'il brûle d'entendre,

Sans qu'il sache par qui, ni trop comment s'y prendre.

FRANCALEU

Et n'a-t-il pas l'ami qui me l'a présenté ?

LISETTE

Monsieur De L'Empyrée ? Il aura plaisanté, [1020]

De caustique et de fat joué les mauvais rôles,

Et parlé de vos vers, en pliant les épaules.

FRANCALEU

J'en croirais quelque chose, à son rire moqueur.

Le serpent de l'envie a sifflé dans son coeur.

Oh ! Bien, bien, double joie, en ce cas, pour le nôtre ! [1025]

Je mortifierai l'un, et satisferai l'autre ;

L'autre aussi bien m'a plu, comme il plaira partout.

Il a tout à fait l'air d'un homme de bon goût ;

Et d'ailleurs il me prend dans mon enthousiasme.

Je suis en train de rire, et veux, malgré mon asthme, [1030]

Lui lire tous mes vers, sans en excepter un.

LISETTE

Vous me déferez là d'un terrible importun.

FRANCALEU

Va donc me le chercher.

LISETTE

Faites-en votre affaire.

Je me vais occuper d'un soin plus nécessaire.

Il faut que je m'habille.

FRANCALEU