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BALIVEAU

L'heureux tempérament ! Ma joie en est extrême.

Gai, vif, aimant à rire ; enfin, toujours le même. [450]

FRANCALEU

C'est que je vous revois. Oui, mon cher Baliveau,

Embrassons-nous encore, et que, tout de nouveau,

De l'ancienne amitié ce témoignage éclate.

La séparation n'est pas de fraîche date ;

Convenez-en : pendant l'intervalle écoulé, [455]

La parque, à la sourdine, a diablement filé.

En auriez-vous l'humeur moins gaillarde et moins vive ?

Pour moi, je suis de tout ; joueur, amant, convive ;

Fréquentant, fêtoyant les bons faiseurs de vers.

J'en fais même comme eux.

BALIVEAU

Comme eux ? [460]

FRANCALEU

Oui. [460]

BALIVEAU

Quel travers ! [460]

FRANCALEU

Pas tout à fait comme eux, car je les fais sans peine.

Aussi me traitent-ils de poète à la douzaine ;

Mais, en dépit d'eux tous, ma muse, en tapinois,

Se fait, dans Le Mercure , applaudir tous les mois.

BALIVEAU

Comment ?

FRANCALEU

J'y prends le nom d'une basse-bretonne. [465]

Sous ce voile étranger, je ris, je plais, j'étonne ;

Et le masque femelle agaçant le lecteur,

De tel qui m'a raillé fait mon adorateur.

BALIVEAU

, à part.

Il est devenu fou !

{{Personnage|FRA