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De s'être, en cheveux gris, avisé de sa verve ;
Si l'on peut nommer verve une démangeaison
Qui fait honte à la rime, ainsi qu'à la raison.
Et, malheureusement, ce qui vicie abonde.
Du torrent de ses vers sans cesse il nous inonde. [210]
Tout le premier lui-même, il en raille, il en rit.
Grimace ! L'auteur perce ; il les lit, les relit,
Prétend qu'ils fassent rire ; et, pour peu qu'on en rie,
Le poignard sur la gorge, en fait prendre copie,
Rentre en fougue, s'acharne impitoyablement, [215]
Et, charmé du flatteur, le paye en l'assommant.
Oh ! Je suis patient, je veux lasser votre homme ;
Et que de l'encensoir ce soit moi qui l'assomme.
Pour moi je meurs, je tombe, écrasé sous le faix.
Qui vous retient chez lui ?
Des raisons que je tais ; [220]
Et je m'y plairais fort, sans sa muse funeste
Dont le poison maudit nous glace et nous empeste.
Heureux, quand mon esprit vole à sa région,
S'il n'y porte pas l'air de la contagion !
Le voici. Tout le corps me frissonne à l'approche [225]
Du griffonnage affreux qu'il a toujours en poche.
Scène IV
Peste soit de ces coups où l'on ne s'attend pas !
Voilà ma pièce au diable, et mon théâtre à bas.
Comment donc ?
Trois acteurs : l'amant, l'oncle, le père,
Manquant à point nommé, font cette belle affaire. [230]
L'un est inoculé ; l'autre, aux eaux ; l'autre, mort.
C'est bien prendre son temps !
Le dernier a grand tort.