Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peut-on dire aussi que votre existence dépasse toutes les existences éternelles, parce que votre éternité, ainsi que la leur, est toute entière présente pour vous, tandis que pour eux ce qui est à venir de leur éternité n’existe pas encore, de même que ce qui s’en est écoulé n’existe déjà plus ? Cette dernière explication n’a rien que de légitime, et il est vrai de dire que votre existence dépasse toujours celle des esprits immortels, puisque toutes les époques de l’éternité sont présentes pour vous, ou bien, en d’autres termes, que vous êtes présent à toutes les époques de l’éternité, tandis que les créatures spirituelles n’existent plus dans le passé et n’existent pas encore dans l’avenir.

Chap. XXI.

Cette éternité sans commencement et sans fin n’est-elle pas ce que l’Écriture appelle le siècle du siècle ou les siècles des siècles ? Toutes les divisions du temps fini sont contenues dans un siècle, et les siècles eux-mêmes sont les momens de votre éternité. Elle ne forme qu’un seul siècle à cause de son unité indivisible, et cependant elle renferme un nombre infini de siècles à cause de sa durée illimitée. Et, bien que vous soyez si grand, ô mon Dieu, que votre immensité remplit et embrasse tous les espaces et tous les temps, votre substance est si simple, si indivisible, qu’il n’y a en vous ni parties, ni commencement, ni milieu, ni fin.

Chap. XXII.

Ainsi donc, vous seul, ô mon Dieu, vous êtes ce qui est, vous êtes celui qui est. Ce qui est une chose dans le tout, une autre chose dans les parties, et qui obéit à la loi du changement, n’est pas à vrai dire ce qui est. Un être dont la pensée peut concevoir la non-existence, qui est sorti du néant et rentrerait dans le néant s’il ne subsistait par une force étrangère à la sienne ; un être enfin qui n’existe plus dans le passé et qui n’existe pas encore dans l’avenir, n’a point une existence complète et absolue. Pour vous, Seigneur, vous êtes ce qui est ; car ce que vous êtes dans un certain temps et d’une certaine manière, vous l’êtes tout entier et toujours. Vous êtes celui qui est, car il n’y a pour vous ni passé ni avenir ; votre existence est éternellement présente, éternellement nécessaire ; vous êtes la vie, la lumière, la sagesse, la béatitude, l’éternité ; vous êtes tout ce qui est bien, et cependant vous n’êtes qu’un seul et unique bien ; le bien suprême, absolu, parfait, existant par lui-même, et sans lequel rien ne saurait exister, rien ne saurait êtes bon.

Chap. XXIII.

Ce souverain bien, c’est vous, Père tout-puissant ; c’est aussi votre Verbe et votre Fils ; car le Verbe, qui est votre pa-