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votre souveraine justice. Que la raison s’humilie donc devant ce mystère, et que la foi adore ce que l’intelligence ne peut comprendre. Ainsi, ô mon Dieu ! vous êtes véritablement sensible, tout-puissant, miséricordieux, impassible et juste ; de même que vous êtes vivant, sage, bon, bienheureux, éternel, et tout ce dont l’existence est préférable au néant.

Chap. XII.

Mais tout ce que vous êtes, Seigneur, vous ne l’êtes point par un autre que vous. Vos attributs ne vous ont point été communiqués ; ils existent essentiellement en vous. Ainsi vous êtes la vie, vous êtes la sagesse, vous êtes la bonté, en un mot, vous êtes substantiellement tout ce que la pensée peut concevoir de beau, de vrai et de bien.

Chap. XIII.

Mais tout être qui est enfermé dans une partie déterminée de l’espace et du temps est inférieur à celui qui existe en dehors de la loi du temps et de l’espace. Et puisque la pensée ne peut rien concevoir de plus grand que vous, ô mon Dieu ! votre existence n’est point enfermée dans une partie de l’étendue et de la durée ; vous êtes partout et toujours ; vous êtes le seul être infini, le seul être éternel.

Comment se fait-il donc que les autres esprits sont aussi qualifiés d’éternels et d’infinis ? Ils sont qualifiés d’éternels, parce que leur existence n’aura point de fin. Mais vous seul, ô mon Dieu ! possédez la véritable éternité, parce que vous seul n’avez point commencé, de même que vous ne finirez point. Vous êtes aussi le seul être infini, bien que nous accordions le même attribut aux créatures spirituelles. Comparés à vous, les esprits créés sont des êtres finis ; comparés aux objets matériels, ils sont des êtres infinis. Un être est absolument fini quand, se trouvant tout entier dans un lieu, il ne peut se trouver en même temps dans un autre lieu. Tels sont les objets matériels. Un être est absolument infini quand il existe à la fois tout entier en tout lieu ; et vous seul, ô mon Dieu ! possédez cet attribut de l’immensité absolue. Enfin, un être est à la fois fini et infini quand, se trouvant tout entier dans un lieu, il peut se trouver en même temps tout entier dans un autre lieu, mais sans pouvoir remplir de sa présence toutes les parties de l’étendue. Tels sont les esprits créés, telle est l’âme, par exemple. Car si l’âme n’était pas tout entière dans chacun des membres du corps, elle ne sentirait pas tout entière dans chacun d’eux. Ainsi donc, ô mon Dieu ! vous êtes le seul être infini, le seul être éternel ; et cependant les esprits créés sont aussi des êtres éternels et infinis.