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SAINT ANSELME,
ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY.

Anselme, fils de Gondulphe et d’Ermengarde, tous deux d’une famille noble, naquit vers l’an 1033, dans la ville d’Aoste, en Piémont. À l’âge de quinze ans, il résolut d’embrasser l’état monastique ; mais l’abbé auquel il s’adressa ne voulut point l’admettre dans sa communauté, parce qu’il craignait d’encourir l’indignation de Gondulphe. Ces premiers mouvemens de ferveur ne furent pas de longue durée. Anselme, ayant négligé ses exercices de piété et perdu sa pieuse mère, tomba insensiblement dans la tiédeur ; il ne s’en tint pas là ; il laissa prendre de l’empire à ses passions, et marcha dans les voies corrompues du siècle. Mais la vie du monde le lassa, et après la mort de son père il revint à ses premiers sentimens. Peu de temps après il prit l’habit, au Bec, sous l’abbé Herluin, et en 1060, à l’âge de vingt-sept ans, il fit sa profession. Il devint abbé du monastère où il avait fait vœu. Puis, par le choix de Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, il fut fait archevêque de Cantorbéry ; Thomas, archevêque d’York, fit la cérémonie de son sacre. Anselme continua à Cantorbéry le genre de vie qu’il avait mené au Bec ; il s’occupait à instruire son peuple, à visiter son diocèse, à écrire pour la défense des dogmes de la religion, à soulager ses pauvres, à réformer les abus et les désordres. Il fit plusieurs voyages à Rome, tint un concile à Londres, et montra dans toutes les circonstances de sa vie une fermeté inflexible. Il passa ses dernières années dans une langueur continuelle. Six mois avant sa mort il tomba dans une faiblesse extrême, et dans cet état il se faisait porter tous les jours à l’église pour y entendre la messe ; il mourut le 21 avril 1100, dans la soixante-seizième année de son âge, et fut enterré dans la cathédrale de Cantorbéry. Il est honoré parmi les docteurs de l’Église en vertu d’un décret donné en 1720 par le pape Clément XI.

On reconnaît dans les écrits de saint Anselme un philosophe habile, un excellent métaphysicien, un théologien exact. Il établit presque toujours les vérités révélées par les preuves que fournit la raison ; ce qui l’a fait regarder comme le père de la théologie scholastique. La précision et la clarté dans ses œuvres se trouvent réunies à l’élévation des pensées et à la solidité des raisonnemens. Ses ouvrages sont des homélies, des méditations ascétiques, des lettres, et principalement des traités. Nous donnons la traduction du Proslogion, ainsi intitulé parce que l’auteur s’y entretient, ou avec lui-même ou avec Dieu, de l’existence et des attributs de l’Être-Suprême. Nous nous sommes arrêtés à cet opuscule, parce que, plus qu’aucun, il est propre à donner une idée exacte du genre d’argumentation de ce saint docteur.