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le chalet des sapins

« On va te conduire à l’office. Répare tes forces. Dépêche-toi. »

Quand ce repas improvisé fut à portée de sa main, le bohémien ne fit ni une ni deux. Il attaqua bravement la belle tranche de gigot froid que Gottlieb lui offrit et se mit à y mordre à belles dents. On aurait juré que le pauvre garçon n’avait pas mangé depuis deux jours, à voir l’entrain avec lequel il avalait morceau sur morceau. Les restes du gigot y passèrent et la miche de pain ne fut pas épargnée.

Il n’y a rien de tel qu’un bon repas pour délier la langue. Lorsque le bohémien eut fini sa troisième tranche de gigot et dévoré la moitié de la miche, mon père, qui était revenu voir si tout allait bien, versa dans son verre deux doigts de vin.

Le sang était revenu aux joues de l’enfant, ses yeux brillaient. Mon père jugea que le moment était bon pour reprendre son interrogatoire.

« Eh bien, me diras-tu maintenant comment tu t’appelles et pourquoi tu as quitté tes compagnons ?

— Je suis Zaféri, dit le bohémien, et je me suis sauvé parce que les autres m’ont battu. »

Ces quelques mots furent dits dans une sorte