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le chalet des sapins

les gouttes d’eau se multiplièrent : le vent tomba tout à coup, et il se fit dans les feuilles ce crépitement significatif qui révèle la première ondée et que l’on entend dans les bois avant même de ressentir les premières atteintes de la pluie.

Heureusement la coupe n’était pas loin. En supposant que l’averse vînt à passer au travers des feuilles, comme à travers les trous d’un crible, nos bûcherons auraient bien vite fait de nous tailler avec leurs haches un abri de feuillage où nous pourrions en sécurité laisser tomber l’ondée la plus forte.

Ce fut Maurice qui, en éclaireur infatigable, pénétra le premier dans la clairière. La clairière était déserte.

« Ils ont eu peur de la pluie, nous cria-t-il, et ils se sont sauvés.

— Non ! non ! dit mon père, la pluie n’est pas assez forte ; ce n’est pas l’orage qui les a fait partir ! »

Comme pour lui répondre, une brusque rafale passa en gémissant dans la cime des arbres, et nous entendîmes tout au loin, répercutée par les échos du Nideck, la grande voix du tonnerre.

Au point où nous en étions, mieux valait avancer que reculer.