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le chalet des sapins

Mon père avait parlé tout d’une haleine. Il reconnut, à l’expression de nos physionomies, que nous n’avions pas compris un mot à cet étrange discours. Il sembla se consulter un instant ; puis, voyant que nous n’osions pas lui adresser de nouvelles questions :

« Venez avec moi, chers petits. À vrai dire, ces secrets-là ne sont pas faits pour être gardés devant vous. Venez donc, et, quand vous saurez la vérité, vous comprendrez que, si nous n’avions jamais affaire qu’à des bohémiens de cette espèce, ce n’est pas moi qui appellerais les gendarmes. »

XIII

Mon père monta dans son cabinet ; il s’assit dans son grand fauteuil de cuir, et quand chacun, y compris Gottlieb, fut en place, l’oreille tendue pour écouter ses explications, voici ce qu’il nous apprit :

Depuis trois semaines environ, les forêts des Vosges étaient traversées, à de courts intervalles, par de malheureux soldats, épaves échappées pour la plupart de l’armée de la Loire, essayant de se rapatrier, et suspects, les uns comme marau-