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le chalet des sapins

rosement et la fraîcheur du jardin, et qui semblaient sortir d’un rocher de ce beau grès vosgien aux reflets de pourpre, haut de trois mètres, ma foi, que nous appelions la Montagne rouge.

Pour tout bruit, du matin au soir, la chanson des merles et du rossignol, et nos cris, nos chants à nous, moins harmonieux, auxquels venaient de temps en temps se mêler les voix plus graves des belles vaches de notre ferme, dont les bâtiments, les étables, la basse-cour, la buanderie et les granges s’alignaient à une demi-portée de fusil de notre maison d’habitation.

Le vaste enclos de la ferme était lui-même entouré d’un mur d’enceinte assez élevé, fait en pierres reliées par du ciment. Ce n’était pas que mon père craignît beaucoup la visite des maraudeurs, bien que, à ces époques encore troublées, les vagabonds ne fussent pas rares ; mais, outre qu’il vaut toujours mieux être chez soi, il avait voulu, dans les premiers temps de son arrivée, donner du travail aux ouvriers alors sans ouvrage de Niederhaslach. La maison y avait gagné de faire l’admiration de tous ceux qui avaient contribué à l’édifier et à l’embellir, et son propriétaire avait du même coup conquis les sympathies des bonnes gens de Niederhaslach.