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Il y a quelques années, venait au café Anglais un fou qui, après avoir bien dîné, se faisait servir le fin moka. — Dès que la tasse était pleine devant lui, il s’adressait au breuvage tout fumant.

« Hein ? quoi ? qu’est-ce que je sens ? d’où vient ce délicieux arôme ? Ah ! c’est toi, café funeste ! tu viens encore me tenter ; ne sais-tu pas qu’on m’a expressément défendu de t’aimer ? Tu n’ignores pas que tu me tues, et te voici encore revenu comme hier ? Tiens, va-t-en ! je t’ai trop chéri pour te maudire, mais je ne veux plus te voir ! »

Alors, imprimant un demi-tour à sa chaise, il tournait le dos à la tasse, puis tout à coup, regardant par-dessus l’épaule, il continuait :