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bien dit deux cents ! Elle n’en connaît pas plus que nous là-dessus. — Ça n’en coûte peut-être que cinquante ; qu’en sais-tu ?… Avant de jeter l’argent par les fenêtres, au moins faut-il se rendre compte… Il n’y a pas de loi qui empêche de compter, il me semble !

L’apprenti, accourant. — Patron, v’là le saleur !

(Entrée de l’embaumeur, qui apporte son matériel.)

Scène V

LES MÊMES, L’EMBAUMEUR

L’embaumeur. — C’est bien ici qu’on a réclamé mes soins pour un sujet à perpétuer ? (À Fraichot) Monsieur est le parent ?

M. Fraichot. — Oui, docteur ; je voudrais savoir ce que…

L’embaumeur, l’interrompant. — Monsieur, nous avons d’abord l’embaumement historique pour souverains. Il est accompagné de procès verbaux sur parchemin et de monnaies au millésime qui suivent le corps. Il se fait avec solennité, en présence de nombreux et notables témoins. Les instruments injecteurs sont en argent. Son prix est de vingt mille francs. Ce n’est pas là, sans vous offenser, votre affaire.

Nous avons ensuite l’embaumement d’étagère, pour souverains de petits duchés et riches particuliers ; il est très demandé par les étrangers.

Le sujet, préparé avec soin, est placé sous un châssis en verre et peut rester ainsi exposé dans la galerie des ancêtres de son château, en ayant soin toutefois de lui éviter le soleil et les varia-