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vous maintenant, madame Cambournac ? MARDI GRAS !!! c’est-à-dire le meilleur jour de l’année pour notre commerce ! Une recette forcée !

Mme  Fraichot. — Et il faudra fermer la boutique ! clore le four ! arrêter la broche ! (Avec désespoir.) Ah ! le ciel est sévère pour nous.

M. Fraichot. — Un jour qui, depuis six ans, nous donnait un bénéfice moyen de mille francs ? — et notez bien que j’oublie exprès 1858 où notre concurrent du carrefour, le matin même, eut le bonheur de se pendre, ce qui nous a donné une recette exceptionnelle que je n’espère plus ; car c’est une de ces chances qui ne se représentent pas deux fois dans la vie d’un homme !

Mme  Fraichot. — Oui, mais nous payons bien ça aujourd’hui ! — Toutes nos provisions étaient faites, sans parler des vieux rôtis de la boutique qui patientaient toujours avec l’espoir de partir au mardi gras !

M. Fraichot. — Nous voici, jusqu’à Pâques, avec douze cents volailles sur le dos qui n’hésiteront pas à se défraîchir.

Mme  Cambournac. — Si on demandait à retarder la cérémonie jusqu’à mercredi ?

M. Fraichot. — J’ai envoyé l’apprenti chez l’autorité, malheureusement on refusera ! Le pauvre cousin se dépêche trop. (Avec regret.) Il avait bien raison, le pauvre cher homme, quand, depuis trente ans, il nous disait que rien ne se conservait dans sa chambre !