Mai 1864. — Nous nous ennuyons fort dans notre Modeste asile ainsi agrandi, et qui me revient à un million et demi. Notre unique distraction est, après avoir dîné à la hâte, de courir au bout du parc prendre le café dans un kiosque d’où l’on aperçoit le chemin de fer. — À sept heures précises, nous avons la vue de deux trains qui se croisent. — Je sais bien qu’à la campagne tout devient distraction, mais pour un million cinq cent mille francs, ce seul amusement est coûteux.
30 mai 1864. — Épouvantable nouvelle ! — Par suite des troubles de Tunis, mon correspondant est en faillite. — Je suis presque ruiné, il faut vendre Modeste asile.
J’ai fait venir ce matin le paysan qui me céda ma première chaumière ; c’est un chef de bande noire.
Il m’a offert dix-sept cents francs !…
— Mais c’est mon premier prix d’acquisition de Modeste asile, qui avait alors un demi-arpent.
— Oui, monsieur.
— Mais, à ce demi-arpent, j’ai ajouté encore votre propriété voisine, puis un château et un parc de quatre-vingts hectares et cent dix arpents de vignes et prés.
— C’est possible, mais j’offre les dix-sept cents francs du premier prix d’acquisition, car monsieur doit savoir que tout l’argent dépensé pour l’embellissement d’une propriété est de l’argent perdu pour le propriétaire.
3 juin 1864. — Ce matin, j’ai reçu ce mot de