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j’ai réellement besoin de son jardin. Il pleure à l’idée de vendre l’héritage de ses pères et augmente son prix de cent écus par heure. Malheureusement il faudra bien me soumettre à ses exigences, car l’espoir que j’avais de me défaire de Modeste asile est déçu. Le propriétaire du château s’est ruiné avec les cocottes et, loin de chercher à augmenter son parc, il a le projet de le vendre.

Juin 1863. — Tout compris, terrain et construction, ma nouvelle demeure ne me reviendra pas à plus de 121.000 francs, ou plutôt à 138.000 francs, car Sylvie a eu l’heureuse idée de faire ajouter un second étage d’où nous planerons chez les Bidaut, qui vont rager de se trouver ainsi sous notre surveillance.

J’étais venu dans ce pays pour avoir un petit coin où je pourrais boire une tasse de lait, qui a fini par me coûter bien cher à sucrer ; mais, baste ! j’en serai quitte pour étendre un peu mon commerce, — et puis, à la campagne, on vit si économiquement !

Juillet 1863. — Mes projets d’économie ont été dérangés par la méchanceté de cette misérable Mme  Bidaut. Cette mauvaise petite rentière n’a-t-elle pas eu l’audace de se faire nommer (en concurrence avec Sylvie) dame patronnesse du comité de bienfaisance ! Aussi ma femme, pour faire rougir ces idiots paysans de leur choix, s’est-elle mise à couvrir le pays de bienfaits. Elle inonde les chaumières de mon vieux bordeaux et de mes