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Demain nous quittons la campagne pour retourner passer l’hiver à Paris.

Avril 1863. — L’hiver a fui, et, après six mois écoulés, nous revoyons Modeste asile. — Nous donnons de l’air partout. En regardant le plafond recrépi l’an dernier, Sylvie a remarqué une grande tache ; c’est la pluie qui a pénétré à travers le chaume du toit entièrement pourri. Je veux faire recouvrir la maison — dépense utile dont je ne saurais me dispenser — et, par la même occasion, je substituerai l’ardoise à la paille, ce qui est une bonne précaution contre l’incendie.

Sylvie me donne un conseil. Pendant que nous faisons enlever la toiture, pourquoi n’exhausserions-nous pas la maison d’un tout petit étage qui nous permettrait d’offrir au moins une chambre à un ami ?

Mai 1863. — Le Maître maçon m’a annoncé ce matin que les murs de Modeste asile sont si peu solides qu’ils s’écrouleraient à la moindre surcharge. Il vaudrait mieux construire une maison neuve. D’un côté, je ne tiens pas à faire une bâtisse coûteuse pour un jardin grand comme la main ; d’un autre côté, je ne veux pas abandonner Modeste asile, qui me revient déjà à une vingtaine de mille francs ; j’aurais l’air de fuir devant les Bidaut. Je pourrais bien m’agrandir en achetant le jardin voisin, qui appartient aussi à mon vendeur ; mais autant cet infâme paysan s’est montré coulant pour me céder Modeste asile, dont je n’avais que faire, autant il est rapace aujourd’hui que