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De dix-sept cents francs que m’a coûté mon humble toit, je suis déjà arrivé à douze mille francs ; mais la masure vivra bien autant que nous, et je n’y ajouterai même plus un clou.

Septembre 1862. — Après deux mois d’absence, nous sommes venus prendre une tasse de lait dans notre Modeste asile. Notre vue sera bientôt complètement perdue, car les Bidaut ont méchamment fait planter sur la limite du potager une double rangée de peupliers qui, avant un an, nous masquera le paysage.

Le trajet de Paris à Modeste asile ne coûte que deux francs, mais à chaque voyage nous avons à faire de deux à trois cents francs d’acquisitions utiles pour notre ermitage. — J’ai fini par regarder notre pied-à-terre comme un enfant que j’aurais mis chez une nourrice à la campagne, et pour lequel il faudrait, à chaque instant, porter du savon à ladite nourrice.

Modeste asile use pas mal de savon !

Octobre 1862. — La méchanceté des Bidaut a fait courir dans le village le bruit que nous étions des gens fort riches habitant une chaumière… par avarice. Nous avons la réputation de ne pas faire vivre les gens du pays. — Ce qu’on appelle ici « faire vivre les gens du pays », c’est se laisser tondre par ces naïfs villageois qui vous font payer trois fois trop cher les denrées ou les travaux dont un bourgeois peut avoir besoin.

Jamais un maçon n’entrera chez moi.